A différentes époques, cinq personnages nous livrent, grâce à un journal intime, un bout de leur vie respective. Qu’il s’agit d’une jeune fille passionnée de cinéma qui se libèrent de l’autorité de ses parents, ou bien d’un jeune homme qui se remet difficilement de la mort de sa femme et du bébé qu’elle attendait, ou encore de la découverte d’un adultère, ou alors d’une correspondance entre deux résistants pendant la seconde guerre mondiale ; rien ne semblent les lier et pourtant la dernière partie nous dévoilera les secrets des un et des autres.
Tout d’abord une petite explication sur le titre : au théâtre, l’œil du prince c’est l’angle de vue permettant de visualiser la perspective du décor sans déformation. C’est aussi la place d’où l’on voit le mieux le spectacle, autrefois réservée au souverain. Ici, le lecteur a la place de l’œil du prince. C'est-à-dire qu’il observe et qu’il sait tout. Même si les secrets se dévoilent petit à petit, le lecteur peut s’imaginer la teneur de ceux-ci et parfois l’apprendra avant les principaux personnages intéressés.
Frédérique Deghelt est une de mes auteures préférées et j’ai d’ailleurs tout ses livres (même si certains trainent encore dans ma PAL...). J’aime sa façon d’écrire,de nous faire ressentir les choses et les émotions des personnages. On prend plaisir à découvrir son écriture et je dois même avouer qu’il faut prendre du temps pour savourer ses lignes.
Ici, j’ai eu un peu de mal avec la première partie. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je pense que j’ai eu du mal à m’attacher au personnage de Mélodie. Puis est venu le tour de Yann, puis la correspondance entre Agnès et Alceste, puis le tour de Benoit pour enfin arriver à aujourd’hui avec Anna. J’ai aimé découvrir les différents liens qui les unit et les secrets enfouis qui réapparaissent. Ça se construit lentement, petit à petit, autant pour les personnages du livres que dans ma petite tête de lectrice.
Impossible de se perdre parmi tous ces personnages, qui je le rappelle, se trouvent à différentes époques (années 80, années 60, 1939-1945, 2015…), puisque nous avons un arbre généalogique au début du roman. Je dois dire que je l’ai souvent regardé pour voir si mes théories étaient fondées ou non. Un petit pense-bête bien utile pendant la lecture !
Par ce roman, l’auteure s’attache à donner l’importance de l’écrit, de pouvoir raconter avec des mots ce qui nous arrivent au quotidien, nos émotions et nos maux. Chaque personne présente dans ce livre, bien que totalement différents les un des autres, entreprennent d’écrire un journal et d’y écrire régulièrement. C’est aussi une manière d’établir un lien entre eux, même si cela est fait inconsciemment.
Bref, encore un très beau roman de Frédérique Deghelt qui m’a été difficile de lâcher avant de savoir le dernier mot.
Je remercie les éditions J’ai Lu !
Petites citations pour la route : « On ne recommence pas sa vie, mais si on le décide, on peut la continuer autrement. »
« Le deuil est un pays qui s’explore à petits pas. »
« Je me suis habitué à écrire tous les jours. C’est presque devenu une addiction. Ça m’apaise. Je ne relis jamais. Je ne sais pas à quoi ça sert. Je le fais. Je mets des pas dans mes mots. J’avance donc. »