D'un côté, La Petite, fragile et simplette, subit l'emprise de La Grande, tyrannique et machiavélique. Deux soeurs que tout oppose mais qui restent pourtant toujours ensemble. Ensemble face à une enfance traumatisante, à des choses enfouies, à un sombre passé.
Après avoir eu un énorme coup de coeur pour "Grâce" de Delphine Bertholon, il me tardait de découvrir son dernier roman. Mais les choses font que j'ai dû attendre un an avant de découvrir "Le soleil à mes pieds".
Totalement différent de "Grâce", je me suis plongée dans ce court roman qui dérange dès les premières lignes. Le lecteur fait la connaissance de ces deux soeurs si différentes l'une de l'autre que l'on pourrait douter de leur lien de sang. Par de petits paragraphes et par des phrases très courtes, l'auteure nous expose le lien étrange qui unit La Petite et La Grande. L'ambiance est donnée dès le départ : c'est lourd, malsain, sombre et noir.
Delphine Bertholon donne la parole à La Petite. Elle nous laisse apercevoir ce qu'est sa vie, chapotée par sa soeur La Grande. Cette dernière la brise continuellement, lui rend visite tous les jours, la surveille à sa manière. La Petite n'ose pas, ne prends pas de risque, bref ne vit pas sa propre vie.
Et à côté de tout ça, le passé rode sur le quotidien de ses deux soeurs : par les souvenirs, par les demandes d'interview, par les doutes et les questions. Je n'en dirais pas plus, car c'est là que réside toute l'histoire, le mal-être de ces deux jeunes femmes.
Alors effectivement, c'est un roman étrange qui ne plaira pas à tout le monde, ou du moins à peu de personne. J'ai aimé le style d'écriture, la manière dont l'auteure nous fait rentrer dans cette ambiance morbide. Ce livre a l'avantage également de se lire très rapidement (184 pages) mais nous laisse néanmoins une sensation étrange lorsque l'on termine la dernière page : une sensation de mal-être mais également d'optimisme.
Bref, un roman insolite et dérangeant !
Petites citations pour la route : "Peut-être les humains ont-ils une réserve de bonheur, une sorte de batterie ? On en utilise un petit bout de temps en temps et à force, ça s'épuise."
"on a beau faire semblant, le passé veille toujours, dans une boîte ou une autre."